Damien LEROUX (Aix): "Quand les fondations seront bien en place, il faudra être ambitieux"

Une semaine après les grandes réunies à Paris pour l'Open, c'est ce week-end au tour des aspirantes à la succession de Nice et Angers de prendre le départ. Parmi elles, sur la ligne de départ: le Pays d'Aix. J'ai déjà fait ici plusieurs fois l'étalage de l'intérêt que je porte au projet aixois. Tout d'abord parce que le club voisin du BLMA est un club historique du basket français: 37 ans de permanence au plus haut niveau sauf erreur de ma part, dernier vainqueur d'une Coupe d'Europe (en 2003), à nouveau finaliste trois ans après. Respect. C'était une autre époque, d'autres temps, mais certains devraient prendre des notes... Ensuite parce que ce projet est porté par Damien LEROUX et qu'il est basé sur une équipe très jeune, issue pour la majorité du Centre de Formation d'Aix (Camille COSTE)...ou du BLMA avec Justine BARTHELEMY. Enfin, bien entendu, parce que Linda BOUSBAA. J-2... Autrement dit: 48 heures: c'est le temps qu'il reste à Damien pour peaufiner ce qui peut encore l'être...et répondre comme toujours très gentiment et à mes questions.

• Damien comment vas-tu à quelques jours du début du championnat ?
Très bien ! Content que le championnat reprenne pour enfin retrouver l’adrénaline de la compétition!

• Après une période on suppose d’abattement suite à la disparition de l’équipe pro puis sans doute d’enthousiasme après l’acceptation et le démarrage de ton projet « Ligue 2 / joueuses du Centre de Formation », dans quel état d’esprit es-tu aujourd’hui ?
Comme tous, j’ai accusé le coup. Mais heureusement ça n’a pas duré: moins de 24H après la décision, j’avais déjà fait part à mes néo-dirigeants d’un nouveau projet. Le lendemain, je le leur ai exposé et 48 heures après il était validé. Tout est allé très vite. Maintenant, avec le recul, je vois que les sentiments autour de tout ça sont toujours un peu confus. Il y a une grande satisfaction de pouvoir mener un projet ambitieux et où les challenges ne manqueront pas mais la frustration de ne plus faire partie de l’élite nationale est toujours difficile à digérer, surtout lorsque l’on voit des superbes évènements comme l’Open LFB se dérouler sans nous. Après, je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose que de ressentir encore de la frustration. Cela va me permettre je pense (et j’espère) de me ramener dans le droit chemin lorsque je me laisserai aller et que je me contenterai de ce que j’ai. A moi de m’en servir comme un moteur.

• Y a-t-il des joueuses dont tu espérais la présence mais qui ne feront finalement pas partie de l’aventure ? On pense par exemple à Adja KONTEH ou Lisa LEFEVRE…
Pour Adja, je ne me suis jamais fait trop d’illusion. Après la saison qu’elle venait de faire et sa présélection en équipe de France je me doutais bien qu’elle retrouverait très rapidement un club de LFB. D’ailleurs, quand on voit le match qu’elle a pu faire ce week-end à l’open avec ses 16 points, il est clair que la L2 n’aurait pas été suffisamment enrichissant pour elle. Lisa, quant à elle, a du partir au Canada pour ses études. Elle n’a pas réussi à trouver d’école qui lui permettait de mener à bien son projet scolaire et sportif en simultané. Le Canada lui offrant cette possibilité, elle n’avait d’autre choix que de partir. Je suis bien entendu très déçu car j’aurai aimé qu’elle fasse partie de l’aventure mais elle s’épanouit dans sa nouvelle vie et son départ a permis de voir le retour de Manon CUOMO qui a fait tout son cursus de formation chez nous. J’avais également pris contact avec une de mes anciennes joueuses, Wilka MONTOUT, qui suit un cursus aux USA. Malheureusement il lui restait encore un semestre à valider avant de pouvoir revenir jouer en France.

• Es-tu satisfait de ton recrutement avec des jeunes comme tu le souhaitais (Linda BOUSBAA, Justine BARTHELEMY ou Bérangère DINGA MBOMI) et des joueuses d’expérience (Stéphanie DUBOIS, l’américaine Shenita LANDRY ou Kelly CORRE à un degré moindre) ?
Le niveau et l’état d ‘esprit des recrues me satisfont pleinement. Ce sont des joueuses, pour les plus jeunes, qui montrent beaucoup d’implication dans le travail et qui je l’espère acquerront rapidement les compétences nécessaires pour évoluer en LFB. Quant aux anciennes, elles encadrent parfaitement les plus jeunes, stabilisent très bien le groupe dans les moments difficiles et sont de parfaits exemples de professionnalisme.

• L’absence pour cause de blessure de Natty CHAMBERTIN (croisés) ne va-t-elle pas être préjudiciable ?
La blessure de Natty a malheureusement cassé l’équilibre, la complémentarité, qui pouvait exister entre les différentes intérieures. Pour palier à cela, il a fallu s’adapter et réorganiser certaines choses. Maintenant on verra en fin de saison l’importance qu’aura eu son absence mais je préfère me dire que ça permettra aux autres intérieures de plus s‘exprimer…

• Envisages-tu de la remplacer ?
On se questionne et pour le moment aucune décision n’a été prise. On veut surtout, si il y a nouvelle joueuse, que ce soit un vrai plus. Mais des bonnes joueuses intérieures, qui ne sont pas très exigeantes financièrement il n’y en a pas beaucoup…

• Vous avez disputé pas mal de matchs amicaux contre des équipes de LFB (Nice 3 ou 4 fois puis Lattes-Montpellier). Etait-ce ton choix et pourquoi ?
L’intensité développée dans les matches amicaux est bien souvent inférieure à celle de la compétition. Jouer des équipes une division au dessus peut nous donner un aperçu de ce qui nous attendra vraiment en compétition. Au facteur de choix: si on veut faire des vraies oppositions sans faire 1000 km, on n’a pas trop le choix. Les équipes de L2 sont pour la plupart dans la moitié nord de la France.

• Etant donné la différence de niveau entre les deux ligues, ces rencontres ont-elles un sens ?
Ça dépend. Lorsque l’on a joué Montpellier, l’écart était tel que la rencontre n’a pas amené les enseignements recherchés. Mais quand on a planifié ce match je ne m’attendais pas non plus à ce que mes 2 meneuses et Natty CHAMBERTIN soient absentes. Forcément, ça a un peu changé la donne. En revanche, lors de nos rencontres face à Nice, l’écart a oscillé entre 8 et 15 points. Nice est plus fort que nous mais on a tout de même réussi à jouer les yeux dans les yeux tout en travaillant.

• En as-tu plus appris des rencontres face aux autres formations de L2 comme Charnay ou même NF1 comme Saint-Etienne et Istres ?
L’avantage de ces oppositions est qu’elles nous ont permis de prendre confiance dans notre capacité à jouer certaines options. Mais de là à dire si j’en ai plus appris, sincèrement je ne sais pas. Peut être qu’avec le recul pendant la saison certains éléments observés pendant ces rencontres me feront dire que ce qui arrive était prévisible. Mais pour ça il faut attendre…

• Ta préparation a été perturbée par les blessures, notamment celles de tes meneuses avec successivement et parfois en même temps les absences de Manon CUOMO, Linda BOUSBAA puis Camille COSTE, sans compte Kelly CORRE à un certain moment et dernièrement Justine BARTHELEMY. Cela a-t-il été difficile à gérer ?
Pour les entrainements, on s’est adapté tant bien que mal. Le problème est que l’on n'a malheureusement que peu de vécu ensemble et ça je pense que l’on va le payer sur les premiers matches de la saison régulière. Les meneuses ont été absentes pratiquement toute la prépa et quand on connaît l’importance de ce poste de jeu au basket, on comprend tout de suite que l’on a du retard sur la mise en place collectif. Mais bon, ce n’est qu’un challenge de plus à relever !!!

• Tu déclarais fin mai à Aixsportinfos « Je veux faire jouer les jeunes. C'est sûr que je ne vais pas donner 15 minutes aux anciennes et 25 aux jeunes mais je ne peux pas donner 30 à 35 minutes de jeu à des joueuses comme Adja alors que je veux donner du temps aux jeunes ». Es-tu toujours sur la même ligne ?
Oui, l’objectif est de donner entre 10 et 20 minutes (en fonction des profils) de temps de jeu aux jeunes. On a fait le point avec chacune sur le projet. Je me suis engagé à le faire. Bien entendu, si elles, elles ne font pas le boulot je n’aurai aucun scrupule à ne pas tenir mes engagements. On est pas la pour faire plaisir à tout le monde. Je n’ai pas l'âme de Jacques MARTIN à l’École des fans!

• Après cette préparation, ton objectif est-il toujours le même, à savoir « faire partie de la première moitié de tableau » ?
Oui car comme tu l’as noté nous n’avons joué qu’une seule équipe de L2. Il est pour le moment compliqué de nous évaluer correctement par rapport aux autres formations de la division. Au cours de la saison, on affinera plus justement nos prétentions.

• Commencer par Calais, un des favoris, est-ce un avantage parce que l’on n’a pas grand-chose à perdre ou un inconvénient en cas de première défaite à la maison devant son public ?
Au moins, on sera tout de suite dans le vif du sujet! La pression n’est pas vraiment sur nous: on ne fait pas partie des favoris à la montée. Si on gagne, on aura un vrai match référence sur lequel s’appuyer pour les prochaines rencontres. Dans le cas contraire, on tirera les enseignements nécessaires pour arriver à battre les “gros”.

• A titre personnel, tu as été assistant en LFB et coach en NF2 ou U17. Tu es en revanche novice en Ligue 2. Risque de manque d’expérience ou opportunité pour celui qui découvre ?
Je n’ai pas peur de dire que je ne connais pas la L2. Il est vrai que j’aurai été beaucoup plus à l’aise sur de la LFB. Ceci dit, le basket reste le basket! Après quelques matches, j’espère que j’aurai assimilé les particularités de la division et que mon expérience du haut niveau me permettra de bien faire jouer mon équipe et surtout de la faire gagner.

• As-tu travaillé spécifiquement ou essayé de te renseigner sur ce qui pouvait faire la spécificité de cette Ligue ?
Oui, j’ai regardé pas mal de matches cet été et discuté avec des amis entraineurs qui sont passés par cette division. Mais tout ça ne vaut pas le vécu. J’ai besoin de vivre les choses pour mieux les comprendre.

• La concurrence des garçons du PABA, surtout en cas de réussite, n’est-elle pas un risque pour l’équipe féminine ?
Je ne pense pas. Aujourd’hui, le club a les moyens de jouer sur les deux fronts. Le basket féminin à Aix c’est historique, voire même culturel. Les dirigeants ne veulent surtout pas mettre de côté ce patrimoine. Et puis à nous de montrer que l’on peut faire briller le club et la ville d’Aix par nos résultats.

• Penses-tu que le public, tout de même peu présent ces dernières saisons en Ligue, puisse adhérer au projet ?
Il faudra un peu de temps pour remplir à nouveau la Pioline, mais pendant l’été le club à beaucoup investi dans la communication puisqu'une régie a été mise en plac et je suis certain que ça va payer. Elle développe plusieurs supports pour communiquer sur le club et l’équipe. En plus, le club des supporters, les Conquérants Grizzlies, s’est structuré pendant l’intersaison en devenant une vraie association avec bureau. Il va, en plus de mettre l’ambiance pendant les matches et encourager les filles, communiquer sur les performances de l’équipe via sa page Facebook et leur site web. Si avec tout ça, les Filles démontrent des qualités d’abnégation et d’enthousiasme, on aura une salle de la Pioline bien remplie! J’allais oublier: comme toi aussi tu va communiquer sur nous au travers de ton blog, peut-être que de plus en plus de montpelliérains viendront voir les matches à la Pioline également!

• A terme, l’équipe féminine peut-elle se stabiliser au niveau Ligue 2 ou devra t’elle jouer la montée pour exister ?
Je pense qu’à moyen terme il faut envisager une remontée en LFB. Pour le moment, on va prendre le temps de se structurer. Mais une fois que les fondations seront bien en place il faudra être ambitieux. Quand on se contente de ce que l’on a, on n'avance pas et dans le sport si on n'avance pas on recule !

•Un pronostic sur le Champion en fin de saison ?
Au vue des rosters 3 équipes devraient lutter pour le titre : Calais, Roche Vendée et Pau.

Merci Damien. Je confirme: moi, ce projet, j'achète et j'adhère à 100%. Il reste maintenant à passer de la théorie à la pratique, ce qui n'est jamais le plus simple. Mais quand on a, comme certains disent, une "colonne vertébrale" et une ligne de conduite claire, on met toutes les chances de son côté!