U20: Le bilan avec Damien LEROUX (assistant de Grégory HALIN)

De retour de Turquie où les Bleuettes ont finalement pris la 5ème place, Damien LEROUX a bien voulu prendre encore un peu de son temps pour répondre à mes questions et tirer pour nous un petit bilan de cet Euro. Et comme toujours avec lui, c'est passionnant.

• Damien, en un seul mot comment qualifierais-tu le résultat final de la France dans ces Europe U20 ?
Frustrant ! Frustrant, car on est convaincu que l’on n'est pas à notre place. Un podium aurait été plus conforme à notre valeur. Après, la couleur du métal est plus difficile à déterminer. A ce niveau, ça se joue sur des petits détails. Mais c’est tellement frustrant de repartir de cette compétition avec un goût d’inachevé…

• Les 4 premières rencontres de la France ont donné lieu à de larges victoires avant un match compliqué face à la Suède et surtout ce fameux 32-38 contre la Turquie. Que s’est-il passé ce soir-là ?
Contrairement à ce que l’on peut croire, le match contre la Turquie n’a pas été si mauvais que ça. Alors oui, le score reflète plus un non match qu’autre chose. Mais on a surtout assisté à une prestation défensive d’une très belle qualité de la part des deux équipes. Les attaques ont été complètement inhibées par l’intensité défensive déployée par chaque équipe et comme en plus les arbitres avaient pris le parti de laisser beaucoup jouer (malheureusement parfois un peu trop mais de manière identique pour les 2 équipes), cela a rendu les actions offensives encore plus compliquées. Après, dans les dernières minutes, quand on a vu que le match serait difficile à prendre, on a surtout joué la 1ère place du groupe. Il nous fallait perdre de moins de 16 points pour finir premiers. On a donc plutôt géré les possessions pour ne pas donner trop de “munitions“ offensives à la Turquie.

• Cette rencontre peut-elle avoir eu une incidence sur le quart concédé le lendemain aux biélorusses ?
Je ne pense pas. Comme je le disais, on n’est pas ressorti du match avec des complexes ou autres. Entre la Turquie et la Biélorussie on a eu une journée de repos. Ça nous a permis de faire quelques petits réglages offensifs pour être plus performants, sans tout remettre en question. Au contraire, on avait à notre sens confirmation que le groupe pouvait vraiment aller loin dans la compétition en continuant sur cette lancée.

• Comment avez-vous réussi à vous remobiliser le lendemain pour battre les Serbes ?
Ça n’a pas été facile. Après la défaite en quarts, les Filles étaient effondrées. Heureusement, après une nuit difficile, elles ont bien compris que porter le maillot de l’Equipe de France était un honneur et qu’elles se devaient de finir la compétition en étant exemplaires. Elles l’ont fait, et c’est tout à leur honneur.

• Comment les fonctions se sont-elles réparties entre toi et Abdel LOUCIF ?
Sur les aspects concernant l’Equipe de France, Abdel avait en charge le secteur intérieur, la défense et certains aspects logistiques. En ce qui me concerne, je m’occupais des extérieures, de l’attaque et de la préparation physique. Dans le scouting des équipes adverses, Abdel avait en charge les joueuses et moi le collectif. Mais toutes les préparations se faisaient en commun, le tout était bien entendu dirigé par Grégory HALIN.

• Cela fait maintenant 4 ans que les Bleuettes jouent le match pour la 5ème place, après avoir été 4ème en 2010 et pendant 7 ans sur le podium auparavant. S’agit-il d’une régression notable ou sont-ce les autres nations qui ont plus progressé ?
Sur les autres campagnes, je n’étais pas présent je ne vais donc pas me permettre de me positionner. Sur celle-ci, la France aurait vraiment dû être sur le podium. Lors de la compétition, on est passé à côté d’un match (comme ça peut arriver à tout le monde), et malheureusement c’était LE match à ne pas rater.

• Cette sélection est la dernière en catégorie d’âge avant la « vraie » sélection senior. Faut-il s’inquiéter ?
Je ne crois pas qu’il ait lieu de s’inquiéter. Chez les A, la sélection est répartie sur plusieurs années d’âge. On a bien vu cette année que le groupe avait été en partie renouvelé avec des joueuses qui sortent à peine des EDF Jeunes voire même qui y sont encore (Valérianne AYAYI). Elles ont montré de belles choses pendant le Championnat d'Europe et il n’y a pas de raison que d’autres joueuses ne continuent pas sur cette voie. Et puis la France et notamment les cadres de la Fédération sont en perpétuelle recherche d’évolution, d’amélioration, etc. On peut donc leur faire confiance pour rester parmi l’élite mondiale.

• D’une manière générale, que nous a-t-il manqué et que nous aurions pu faire pour faire mieux ?
C'est compliqué de répondre à cette question... On a encore beaucoup de mal à comprendre les raisons de ce non match contre la Biélorussie. Il nous a peut-être manqué l’arrogance des Espagnoles, la confiance des italiennes, le public des Turques… Je ne sais pas... Mais quoi qu’il en soit je ne pense pas que ce soit sur le plan basket.

• Sur quoi le titre s’est-il joué entre les 4 équipes du dernier carré ? La meilleure attaque ? La meilleure défense ? Le secteur intérieur ? Une joueuse hors norme ?
Le titre s’est joué sur des petits détails. La régularité des Espagnoles en quarts et finale les a certainement amenées à gagner. L’Italie et la Turquie étaient deux très belles équipes mais pendant le match elles ont eu des petites absences (offensives ou défensives) et à ce niveau-là, ça ne pardonne pas. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas espérer faire un podium sans une assise défensive performante.

• As-tu fait des découvertes sur le plan basket au cours de cet Euro, que ce soit au niveau préparation, tactique, technique… ?
Des découvertes, je ne pense pas. Mais ce qui est intéressant lors de l’Euro, c'est que l’on voit des styles de jeu complètement différents et qui fonctionnent. Et ça nous permet - en tout cas ça m’a permis - d’enrichir ma réflexion, de percevoir certaines choses différemment et d’avancer vers cette quête de cohérence et de performance.

• La joueuse qui t’a le plus impressionné dans l’ensemble de la compétition ?
Impressionné n’est pas forcément le mot, mais Astou N’DOUR, l’intérieure espagnole (NDR: finalement MVP du Tournoi) a montré de très belles choses dans sa capacité à scorer dans des situations parfois délicates. Francesca DOTTO, par sa capacité à s’engager et être performante régulièrement dans le scoring, le jeu de passe et en défense. Et beaucoup d’autres avec des qualités que je serai heureux de voir chez moi joueuses la saison prochaine.

• Un petit mot sur Aix ?
Comme tout le monde le sait, le club a décidé de repartir en L2. C’est un nouveau projet, une nouvelle équipe. On aura un groupe très jeune: 6 joueuses ont 20 ans et moins (2 de 18, 2 de 19 et 2 de 20) et 4 autres joueuses ont déjà l’expérience de la L2 ou de la LFB. Le championnat de L2 n’est pas facile mais je suis plutôt optimiste sur la capacité de cette équipe à y faire de belles choses. Un beau challenge en perspective! Au-delà de la L2, on va continuer à faire de la formation. Le Centre de Formation que l’on avait en LFB va rester à l’identique en L2. Comme chaque année, on continuera de l’améliorer. Malheureusement certaines joueuses ont préféré nous quitter suite au désistement du club de se réengager en LFB. On ne sera donc pas complètement dans la continuité espérée, mais de très bonnes joueuses ont confirmé leur présence chez nous la saison prochaine et je ne doute qu’elles rivaliseront avec les équipes des Centres de Formation LFB.

• Et maintenant, les vacances ?
Oui, oui! Quelques jours où je vais essayer de couper complètement et profiter de ma famille et de mes amis. Repos et plaisir sont mes leitmotivs pendant cette période!

Merci une nouvelle fois Damien et...bonnes vacances! Rendez-vous à la rentrée avec Aix pour une saison et un projet qui s'annonce passionnant et que j'ai bien l'intention de suivre de très très près...